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Quelques considérations avant de se lancer en M-apprentissage

Notre génération doit composer avec la tradition bien établie d’enseignement en classe et l’évolution plus récente de l’apprentissage assisté par l’ordinateur. Le M-apprentissage remettra, encore une fois, certaines de nos pratiques d’enseignement en question et ce mode de prestation testera les limites de l’infrastructure informatique dans nos collèges. Avant qu’on se lance dans le développement du M-apprentissage, il y a quelques considérations préalables et une planification qui s’impose.

(Courtoisie : Konstantin Dyadyun retrouvée sur Unsplash) EMBED
Bien comprendre le M-apprentissage, ses avantages et ses limites

Selon Castle (2014), il faut éviter de remplacer le présentiel ou l’apprentissage en ligne avec l’apprentissage mobile. C’est une approche qui a des applications précises. Comment peut-on répondre aux besoins de l’apprenant avec le M-apprentissage ? Quels sont les impacts de cette nouvelle stratégie pédagogique sur la culture d’enseignement, sur l’infrastructure TI et sur les politiques de l’établissement (ex. : utilisation des appareils mobiles dans les classes) ?

Il faut également, selon Castle, éviter une approche qui veut que le M-apprentissage soit du simple « réchauffé » de l’apprentissage en ligne. Pour bien centrer votre approche M-apprentissage, au lieu de « pousser » du contenu, on doit former l’apprenant à « tirer » l’information dont il a besoin, et ce, au moment le plus porteur pour son apprentissage. Si on arrive à intégrer des notions que l’apprenant peut appliquer rapidement dans le contexte de l’application de son savoir, là, on a un outil puissant de formation.

Parmi les facteurs importants pour la réussite d’une démarche vers l’adoption du M-apprentissage, on doit essayer de faire en sorte que son utilisation se fasse dans un contexte de réalisation. Pour augmenter l’efficacité du M-apprentissage, les activités doivent motiver, elles doivent être accessibles et plus intéressantes que les activités traditionnelles selon Wilson (2013).

Même si nous sommes enthousiasmés par ce nouveau mode de formation, Wilson a identifié quelques écueils qui pourraient ralentir son adoption, notamment :

  • La difficulté à concevoir des modules pour l’ensemble des plateformes mobiles;
  • Les limitations par rapport à la taille de certains appareils;
  • L’ergonomie des appareils pour entrer des données (ex. : difficulté à composer des textes avec un petit clavier numérique ou avec le stylet);
  • Le coût restrictif pour certains appareils et les forfaits de données;
  • La complexité à imprimer à partir de certains appareils mobiles.

Il y a bien de considérations préalables pour les établissements qui veulent encourager l’adoption du M-apprentissage. Une bonne planification s’impose !

(Courtoisie : Daniel Brubaker, retrouvée sur Unsplash) EMBED

Penser à l’infrastructure et les politiques de son établissement

Certains collèges ont eu la chance de choisir l’endroit où se situe leur établissement. Pour d’autres collèges, nous sommes « les héritiers » des immeubles de patrimoine qui datent d’une autre époque. Quel est l’impact de notre environnement de formation et de travail sur nos pratiques ? Est-ce que le signal wi-fi se rend partout de façon fiable ? Avez-vous un nombre suffisant de bornes de rechargement des appareils mobiles et de prises électriques pour les portables de vos étudiants ?

L’actualisation de la vocation d’une bibliothèque dans un contexte d’innovation technologique est l’objet d’un article par Foote (2013). Même si l’article porte sur les bibliothèques, on peut tirer profit des sages conseils offerts par l’auteur lorsque vient le moment de procéder à la vérification de la capacité de l’infrastructure d’un établissement d’accueillir le M-apprentissage. Selon Foote (2013), il faut notamment :

  • Penser au design et aux fonctionnalités, sans se limiter à nos préconceptions de la vocation de l’espace;
  • Assurer que les espaces sont facilitants pour les préférences d’apprentissage de nos étudiants;
  • Vérifier si les espaces sont confortables, inspirants et flexibles (modulaires);
  • Être prêt à céder un peu de contrôle pour responsabiliser les étudiants quant à la gestion de leur apprentissage.

Foote suggère de faire un remue-méninges avec les parties prenantes afin de déterminer leurs valeurs fondamentales (core values) et les aligner aux politiques de l’établissement. Si vous avez des politiques qui interdisent l’utilisation du mobile en classe, il faut bien mettre ces politiques à jour !

Pour effectuer la consultation des parties prenantes avant l’implantation du M-apprentissage, Christensen (2017) nous informe d’un cadre formel de consultation, le « Mobile Learning Readiness Survey (MLRS) », qui contient des échelles qui pourraient confirmer si l’établissement est bien aligné pour adopter de nouvelles technologies, en regardant son niveau actuel d’intégration des technologies. Dans son article, Christensen nous offre le questionnaire complet qu’il a utilisé pour effectuer la consultation dans son établissement (l’annexe A de l’article).

Christensen nous rappelle aussi qu’il faut préparer les enseignants à intégrer les technologies mobiles dans leur pratique d’enseignement.

(Courtoisie : Alejandro Escamilla retrouvée sur Unsplash) EMBED

Préparer les parties prenantes avec la formation

Selon Christensen, il y a plusieurs défis d’intégration qui pourraient entraver la mise en oeuvre du M-apprentissage, notamment :

  • Le manque d’auto-efficacité des enseignants;
  • Les enjeux de gestion de classe;
  • Les attitudes des enseignants;
  • Le manque de stratégies pédagogiques;
  • Le manque d’accès à des appareils mobiles ;
  • Le financement pour des projets;
  • Le manque de temps;
  • Le manque de formation.

Christensen cite un article de Bebell et O’Dwyer (2010), où les auteurs ont observé que la qualité du développement professionnel est le facteur clé pour la réussite de l’implantation des technologies mobiles dans les classes, et on peut intervenir sur un bon nombre des défis nommés ci-haut. De plus, Christensen recommande une analyse des besoins de formation qui tient compte de ces défis et barrières dans les solutions de formation retenues.

La création d’une communauté d’apprentissage pour les gens qui partagent un désir de grandir professionnellement est un autre volet à développer, selon Schuck (2015).  L’utilisation de l’apprentissage par action (action learning), qui se traduit par une élaboration des objectifs d’apprentissage et la sélection des objets de travail par la communauté, est un moyen pour le groupe d’atteindre les objectifs de développement professionnel.

Dans l’apprentissage par action, on vise les actions suivantes :

  • Chaque membre de la communauté peut établir un objectif personnel;
  • La communauté peut se réunir régulièrement pour parler de leurs actions et les initiatives afin de jumeler la pédagogie et le mobile;
  • On peut tenir des ateliers avec des experts de l’externe qui démontrent le potentiel des appareils;
  • On peut organiser des entrevues avec des experts dans le domaine de l’apprentissage mobile suivies par des discussions en communauté d’apprentissage;
  • Les membres peuvent être jumelés avec des pairs pour s’offrir l’entraide et le soutien .

Schuck nous informe que cette méthode a donné des résultats concrets pour les membres d’une communauté d’apprentissage, qui ont développé leurs habiletés en rédaction de microblogues (rédaction pour le mobile), en production de vidéos de démonstrations avec narration  (screencasts), dans l’archivage de vidéos et photos ainsi que la création de sondages.

Conclusion

Il y a un adage dans la langue de Shakespeare qui dit « failing to plan is planning to fail ». Pour bien réussir la mise en oeuvre des projets de M-apprentissage, il faut préparer le terrain (actualiser l’infrastructure et les politiques), et c’est primordial d’avoir un plan de projet qui tient compte des besoins de toutes les parties prenantes, et qui mise sur le développement des compétences en M-apprentissage.

En 2019-2020, l’équipe de Pratiques FAD offrira gratuitement 2 modules du M-apprentissage qui vous aideront à planifier votre implantation du M-apprentissage dans votre collège. D’ici là, surveillez notre site Web pour d’autres articles portant sur la thématique du M-apprentissage !

Références :

  • Bebell, D., et O’Dwyer, L. (2010). Educational outcomes and research from 1:1 computing settings. Journal of Technology, Learning, and Assessment, 9(1), 1e15.
  • Castle, R. (2014). Five Mobile Learning Mistakes to Avoid. Training and Development, 41(2). P. 21.
  • Christensen, R. et Knezek, G. (2017). Readiness for integrating mobile learning in the classroom : Challenges, preferences and possibilities. Computers in Human Behavior, 76 112-121
  • Foote, C. (2013). Embracing Mobile Learning Think ‘Flexibility’ and ‘Adaptability’. Internet@Schools, 20(5), 26-27. RWM
  • Schuck, S. (2015). Mobile Learning in Higher education: Mobilizing staff to use technologies in their teaching. eLearn, Vol. 2015
  • Wilson, M. et Bolliger, D.U. (2013). Mobile Learning : Endless Possibilities for Allied Health Educators. Journal of Diagnostic Medical Sonography, 29(5), 220-224.RWM

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